Le massif des Écrins est un massif alpin situé entre les villes de Briançon au nord-est du massif et de Gap au sud-ouest. Venez le découvrir avec ce magnifique GR 54 et le Tour des Écrins.
Haut lieu de l’alpinisme et de l’escalade, il possède des sommets emblématiques des alpes avec notamment deux sommets culminants à plus de 4 000m que sont la Barre des Écrins (4 101m) et le Dôme de Neige des Écrins (4 009m).
Le massif comprend également le Parc National des Écrins depuis 1973 qui permet de développer les activités humaines tout en maintenant une protection forte de la biodiversité au sein de ce territoire exceptionnel.
Le GR 54 – Tour de l’Oisans et des Écrins est un chemin de grande randonnée crée en 1964. Il fait partie du triptyque les plus durs pour les treks français sur une dizaine de jours avec le GR 20 et le GR 738.
C’est sur les traces de ce sentier mythique et de ses paysages alpins que je vous propose de partir !
Pourquoi le GR 54 ?
Le GR 54 est un trek qui se parcourt sur une durée de 10 à 14 jours. Long de 184 km et de 12 800 m positif, il est, avec ses 14 étapes officielles, à titre de comparaison, plus « dur » que le GR 20 qui ne fait que 179 km et 11 000m de dénivelé positif pour 16 étapes.
Beaucoup moins emprunté et connu que son homologue corse ou que le tour du Mont Blanc, ce sentier est un appel à l’aventure que ce soit en autonomie (le bivouac étant autorisé quasiment partout entre 19h et 7h) ou en refuges.
Le parcours
Le parcours présenté ici, a été fait au cours de l’année 2020. Il suit le GR 54 dans sa globalité. Nous étions 4 : mon père (61 ans), un couple d’amis (Marc et Charlotte coucou si vous me lisez !) et moi, en autonomie (tente et nourriture). Le départ a eu lieu le 14 juillet depuis Monêtier-les-Bains pour une arrivée 10 jours plus tard au même endroit. Quelques variantes alpines ont été empruntées ainsi qu’une variante passant par les Deux-Alpes afin d’éviter un passage pas très intéressant et moche par Bourg D’Oisans.
Départ | Monêtier-les-Bains |
Arrivée | Monêtier-les-Bains |
Distance | 174 km |
Dénivelé positif | 11 815 m |
Dénivelé négatif | 11 815 m |
Nombre de jours | 10 à 14 jours |
Jour 1
Départ | Monêtier-les-Bains |
Arrivée | Camping de Vallouise |
Distance | 23.3 km |
Dénivelé positif | 1 270 m |
Dénivelé négatif | 1 475 m |
Durée | 7 à 9 h |
Départ depuis Monêtier-les-Bains vers le col de l’Eychauda (2 431m) par une variante alpine du GR 54 afin d’éviter le sentier classique qui serpente sur les pistes et sous les remontées mécaniques de Serre-Chevalier. Après une nuit en tente à la sortie de Monêtier, la montée est régulière pendant 2h avant une dernière partie très abrupte avec quelques passages « vertigineux » avec des lignes de vie. Attention, cette première montée est quand même longue et pentue dans sa globalité, pensez à bien grignoter et boire pour éviter toute défaillance. La vue sur le lac de l’Eychauda est superbe et vaut la souffrance de la montée.
La descente sur Vallouise est très longue et facile avec pas mal de passages goudronnés. Ravitaillement possible à Vallouise. Pour le camping, il faut continuer sur le GR54 pendant 3/4h.
Jour 2
Départ | Camping de Vallouise |
Arrivée | Refuge de Pré Chaumette |
Distance | 21.5 km |
Dénivelé positif | 1 530 m |
Dénivelé négatif | 950 m |
Durée | 8 h |
Le début d’étape se fait sur la route mais n’est pas gênant (1 voiture de croisée). Après 1h, le sentier bifurque sur la gauche pour une longue montée vers le point culminant du périple et le col de l’Aup Martin et ses 2 761m.
Le GR54 rentre alors dans le milieu alpin et sauvage avec des passages dans le cœur du parc national. Le 15 juillet 2020, des névés étaient encore présents mais la majorité venait de fondre, ce qui rendait la montée de la fin du col assez périlleuse pour des novices (et aussi pour les plus expérimentés).
Le sentier n’était pas visible et le schiste était boueux donc glissant. Prudence si vous voulez partir fin juin/début juillet. La suite est classique avec une descente sans difficultés notables vers le refuge et l’immense aire de bivouac à ses abords. Un cours d’eau passe juste à côté (pour une baignade pour les plus courageux).
Jour 3
Départ | Refuge de Pré Chaumette |
Arrivée | Refuge de Vallonpierre |
Distance | 10.7 km |
Dénivelé positif | 1 100 m |
Dénivelé négatif | 650 m |
Durée | 6 h |
Pour ce troisième jour, ce sont trois cols qui sont au menu : Col de la Valette (2 668m), Col de Gouiran (2 591m) et le Col de Vallonpierre (2 607m).
La montée est longue mais régulière jusqu’au premier col puis, fait sympa, que nous retrouvons pour chaque col de la journée, nous voyons le prochain col à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau. Les paysages sont splendides et très sauvage avec un côté haute montagne.
La descente jusqu’au refuge de Vallonpierre est courte. Le refuge prend place à côté du lac du même nom dans un cadre magnifique. Les emplacements de tente sont nombreux. Un groupe de musique itinérant vient mettre l’ambiance dans le brouillard du soir et les bières à la main.
Jour 4
Départ | Refuge de Vallonpierre |
Arrivée | La Chapelle-en-Valgaudémar |
Distance | 14.5 km |
Dénivelé positif | 50 m |
Dénivelé négatif | 1 235 m |
Durée | 5 h |
Journée courte mais que de la descente au programme après 3 jours avec pas mal de dénivelés.
La deuxième partie de la descente est interminable. Le camping à l’entrée de la ville (côté vallée) est super, avec des gérants super sympas. Nous nous ravitaillons à l’épicerie en face du camping et visitons la maison du parc.
Jour 5
Départ | La Chapelle-en-Valgaudémar |
Arrivée | Refuge des Souffles |
Distance | 15.3 km |
Dénivelé positif | 1 730 m |
Dénivelé négatif | 855 m |
Durée | 7 h |
Nous décidons, pour cette étape de mi-trek, d’aller au Refuge des Souffles par la variante alpine du Pas de l’Olan (2 683m). La montée commence directement depuis la Chapelle et va durer 3h jusqu’au refuge de l’Olan (2 345m) et complètement dans le brouillard.
A 15min du refuge, nous sortons des nuages et le paysage est à couper le souffle avec une mer de nuage dans le dos et les hauts sommets face à nous dont symbolique Olan (3 564m). Après une pause-café au refuge, 1h de montée nous emmène jusqu’au Pas de l’Olan et une vue très sympa.
Après un début de descente technique, nous restons sur le sentier à flanc de coteaux afin de ne pas descendre jusqu’au fond de la combe (ce qui rajoute 300m de dénivelés négatif et positif ainsi qu’une bonne heure de marche). Le Col de Colombes (2 423m) se grimpe facilement tout comme le Col des Clochettes (2 183m). La descente vers le refuge des Souffles et son décor magique est facile. Un repos bien mérité vous attend après une étape engagée et magnifique dans des décors de haute montagne. Attention l’aire de bivouac est assez exigüe.
Jour 6
Départ | Refuge des Souffles |
Arrivée | Le Désert En Valjouffrey (Gîte les Arias) |
Distance | 10.5 km |
Dénivelé positif | 610 m |
Dénivelé négatif | 1 300 m |
Durée | 4 h |
L’étape du jour est courte. Un seul col au programme avec le Col de la Vaurze (2 500m). Le début de journée est assez plat à flanc de coteaux. La montée vers le col n’est pas difficile.
La descente est longue avec un début raide et se descend au pas de course. Nous arrivons au Désert le midi. Nous allons au Gîte des Arias où le couple qui tient le gîte nous accueille comme des rois. Nous déjeunons avec des randonneurs qui font également le GR54 mais partis d’endroits différents. Une bonne douche chaude nous attend également. Des spots de bivouac sont réservés aux campeurs. Nous profitons de vente directe de fromage pour ravitailler.
Jour 7
Départ | Le Désert En Valjouffrey (Gîte les Arias) |
Arrivée | Cabane de la Cantine |
Distance | 9.4 km |
Dénivelé positif | 1 165 m |
Dénivelé négatif | 800 m |
Durée | 5 h |
Une nouvelle journée courte mais avec du dénivelé ! Le Col de Côte Belle est long mais régulier, depuis le col nous pouvons voir le Col de la Muzelle au loin (ce qui nous attend demain) et son mur.
Nous attaquons la descente, avec une petite curiosité géologique. Nous arrivons vers midi au carrefour de Valsenestre et nous commençons à chercher un endroit plat où planter les tentes pour le soir.
Nous trouvons le spot proche d’une cabane de berger. Après le repas du midi, nous hésitons à poursuivre mais le cagnard de l’après-midi nous décourage. Le berger arrive dans la soirée avec ses patous, et nous bavardons avec lui.
Jour 8
Départ | Cabane de la Cantine |
Arrivée | Les 2 Alpes |
Distance | 19.1 km |
Dénivelé positif | 1 720 m |
Dénivelé négatif | 1 780 m |
Durée | 8 h |
Nous avions prévu de faire le parcours en 12 jours mais des orages en fin de semaine compromettent cet objectif. Nous décidons de faire une grosse étape. Au programme la variante du GR54 qui évite Bourg d’Oisans et qui contourne les Deux Alpes. Premier morceau de la journée : le Col de la Muzelle et ses 2 613m. La dernière partie du col est impressionnante avec des lacets serrés dans de la roche noire. La vue est splendide.
La descente vers le Lac de la Muzelle et son refuge est facile avec quelques passages de névés.
Des patous patrouillent proche de leurs troupeaux mais ne font qu’aboyer. Après une petite pause au refuge, nous décidons de nous remettre en route avec comme objectif de manger dans un restaurant à Vénosc. La descente est longue et je tombe sans gravité dans la descente (mes chaussures sont lisses). Un panneau nous informe que la variante est fermée à cause d’une échelle qui s’est dégondée suite à des précipitations. Arrivés à Vénosc, nous décidons de couper par le KV de Vénosc et les Deux-Alpes pour ne pas prendre du retard. Après un excellent restaurant (Le Dolilou), nous attaquons en pleine après-midi sous un soleil de plomb le KV de Vénosc. La fontaine de Vénosc est la bienvenue avant d’entamer cette courte mais raide montée. La montée n’est pas de la plus sexy, avec le télésiège qui passe au-dessus de nos têtes mais nous arrivons après 2h de montée aux Deux-Alpes. Nous traversons la ville et ravitaillons sur le chemin avant de nous pauser en sortie de ville. Dans la nuit un renard vient nous embêter pendant plusieurs heures, trouant notre tente et volant nos paires de chaussures que nous retrouvons dans la nuit à une dizaine de mètres de la tente.
Jour 9
Départ | Les 2 Alpes |
Arrivée | La Grave |
Distance | 26 km |
Dénivelé positif | 1 605 m |
Dénivelé négatif | 1 750 m |
Durée | 9 h |
Après une nuit où nous avons évité les orages, nous décidons de doubler l’étape afin d’éviter en fin de semaine des orages prévus en journée. Nous partons à 7h du matin et ce sont 12h de marche d’après le topo qui nous attendent jusqu’au village de La Grave au pied de la Meije. Les 2 premières heures sont en descente puis en faux plat et sont faciles, avant une longue montée jusqu’au plateau d’Emparis et le Refuge des Moutères où nous mangeons.
Nous reprenons la route et le GR sous des nuages de plus en plus menaçant. La descente jusqu’à la Grave est longue et ponctuée d’une nouvelle chute sous les premières gouttes. Nous arrivons au camping de la Meije à 17h30. Le temps de monter la tente, l’orage claque pile poil quand nous avons fini d’enfoncer la dernière sardine. Une vraie douche fait du bien ainsi que la fin de l’orage à 20h.
Jour 10
Départ | La Grave |
Arrivée | Monêtier-les-Bains |
Distance | 23.5 km |
Dénivelé positif | 1 035 m |
Dénivelé négatif | 1 020 m |
Durée | 7 h |
Dernier jour sur ce magnifique tour des Écrins sous un magnifique soleil. Le chemin commence par une petite montée raide mais courte puis suit en faux plat montant la Romanche ce qui donne des paysages bucoliques et reposants.
La couleur de l’eau laiteuse (couleur due aux eaux glacières) attire le regard. Nous remontons la rivière jusqu’au col d’Arsine (2340m), le dernier de cette aventure.
La fréquentation sur cette étape est plus importante à cause de la présence du col du Lautaret à côté et du lac de la Douche. La descente vers la vallée de la Guisane se fait facilement et le fond de vallée nous paraît interminable à cause de notre impatience de finir ce GR54. Nous arrivons fatigués mais heureux à notre point de départ, des paysages pleins les yeux et des souvenirs pleins la tête.
Bilan
Ce trek d’une dizaine de jours est moins connu que le GR20 ou qu’un TMB mais ne doit pas rougir de la comparaison. Au contraire ! Moins fréquenté, sauvage, engagé, il présente une beauté aussi grande que peut offrir la montagne et un défi physique important pour ceux qui recherchent absolument du dénivelé. Pas d’inquiétude cependant, de nombreux refuges sont présents tout le long du chemin, ce qui permet de parcourir le tracé sans tentes et duvets à transporter, et donc de partir l’esprit (et le sac à dos) léger. Pour les autres, la réglementation du Parc permet une grande souplesse à la pratique du bivouac, et la présence de villages avec du ravitaillement le long du sentier est un plus non négligeable. Vous n’avez plus qu’à profiter des grands espaces des Écrins et de la liberté du GR54. Un MUST HAVE !
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